L‘art de MEHEL est en mutation. Ses œuvres voyagent entre sculpture et peinture, art floral et huile en relief, spiritualité et sexualité. Peut-être parce qu’il suit la géographie particulière de ses exils, son parcours artistique porte la mémoire des jardins d’Alger, l’épure des tracés japonais, et la déchirure des trajectoires nord-américaines.

Influences triples et contradictoires, du moins en apparence. D’un côté le volubile et le chatoyant d’une matière débordante, de l’autre le silence d’une transparence retenue, et à l’arrivée, la stridence des formes éclatées.

Les premières créations de Mehel agissent comme des mises à nu minutieuses. Ses assiettes de grès en éloges du monochrome, ses vases de céramique calcinée et ses huiles intégrant des fleurs sculptées à la manière des bas-reliefs, tout conjugue une infinie fossilisation de la beauté. Ses tableaux sur toile ou masonite, utilisent les techniques mixtes d’huile, de pigments, et de structure de mortier. Les fleurs en porcelaine semblent tantôt s’extraire de la matière comme des chrysalides de leurs carapaces, et tantôt se fondre dans la brûlure de soudains aplats de couleurs.

Sa peinture donne naissance à des volumes sculptés, ses sculptures et céramiques offrent des surfaces peintes, ses créations sont mouvements pluriels, irruptions multiples. Mehel peint chaque tableau en réaction contre le précédent. A l’austérité implosive des noirs et des blancs, répond l’explosion exubérante des rouges et des verts; à la sinuosité gracile des traces effilées s’oppose la déchirure coulée des formes denses. Son travail le plus récent souligne le passage de l’artiste au grand format et sa tentation vertigineuse de la couleur. Sa peinture s’invente, elle dit l’errance et les fulgurances, avec des noirs et blancs qui lavent et des rouges comme autant de cris traversés.

Corolles offertes aux pistils dressés, bourgeons glorieux et pétales entrouvertes, chacune de ses toiles révèle l’anatomie d’une fleur, davantage disparue dans les couches de matière peinte, charriant la promesse de corps séparés au musée imaginaire de l’artiste, annonçant sa recherche patiente et implacable, du désordre harmonieux de l’abstrait.

Les œuvres de Mehel sont bruyantes : elles coulent entre les branches, égouttent leurs blessures, amoncellent la froidure, crépitent l’incandescence, réveillent les formes, bercent les désirs….

La découverte de l’art de Mehel est celle d’une mémoire traversée, des premières incrustations de fleurs aux nouvelles toiles abstraites, en passant par les céramiques en torsions et les grès méditatifs.

C’est aussi une exploration rigoureuse d’émotions exigeantes, avec l’audace sereine de ceux qui savent puiser dans la fascination de la douleur pour mieux percer le secret d’une paix à toujours reconquérir.

Reflections about an unbridled path

Mehel’s art is in mutation. Her work travels from sculpture to painting, from floral art to oil and sculpture, from spirituality to sexuality.

Perhaps because of the particular geographic nature of her exile, her journey as an artist is flanked by the memory of gardens in Algiers, stripped-down essentials in Japan, and the chasm of north-American crossroads.

At first glance, these triple influences may seem contradictory. On one hand, the abundance and beauty of matter, and on the other, the silence of demure transparency. And at the other end of creation, the strident explosion of shape.

Mehel’s first creations are like a meticulous unveiling. The sandstone plates that praise the monochromatic, the scorched ceramic vases and the oil paintings that integrate sculptured flowers like a bas-reliefs, all conspire to fossilize beauty.

Her paintings, on canvas or masonite, are made from mixed techniques using oil, pigment, and modeling paste. The porcelain flowers, with their wire stems, seem to extricate from their substance as the butterfly its chrysalis, or fuse into molten bursts of

Her painted works contain sculpted vessels, her sculptures and ceramics offer painted surfaces, her creations are multilateral movement, manifold irruption.

Mehel paints each piece as a reaction to the one preceding it. The austere and implosive contrasts of black and white will bring in return the explosive exuberance of reds and greens Slender and sinuous lines will come back as raw gushers in thick figures.

Her most recent work represents the artist’s passage into the realm of large format as well as the visceral temptation of colour. Her work reinvents itself, telling of aimless drifting and searing intensity, with exonerating blacks and whites and screaming reds.

With ready corollas and steady pistils, glorious buds and precocious petals, all of these canvasses reveal the anatomy of a flower. Disparate beneath layers of painted elements, they carry the promise of embodiment in the artist’s imaginary museum, and the relentless quest of the harmonious disorder of abstract art. Mehel’s art is boisterous: Like a stream glistening between branches, it drains its wounds, condenses the cold, ignites the flame, rouses structure, cradles desire……

Discovering Mehel’s work is like a journey over memory, from the first flower inlays to the more recent abstract paintings, from tangled ceramic to contemplative sandstone.

It is also the rigorous exploration of intricate emotions with the courage and serenity of those who know how to delve into the fascination of suffering, in order to better comprehend the secret of peace, to transcend again and again.

- Michka Saäl

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